samedi, 21 mars 2009
De quoi meurs-tu, bel arbre ?

De quoi meurs-tu, bel arbre ?
Je t’ai vu dès l’entrant du jardin, de loin, au milieu d’un concert de verdure.
C’est pour le vert que j’étais là, pourtant, et le vert dominant, je n’ai vu que ta robe jaunie. Jaune du déclin, jaune de la maladie, de la tristesse, loin des fastes, de la chaleur, de l’énergie de l’or.
Quel est ton mal, beau pin d’Alep, matricule 208 ?
Au beau milieu de cette vie c’est la mort qui fait signe, ta mort inéluctable. Nous sommes vivants donc mortels, les arbres comme les hommes et qui donne la vie, je sais bien, mon père me l’a dit, donne la mort aussi.
Alors quand je te vois, quand je m’approche de toi, pin numéro 208 à ramure roussie, je sais ce que tu veux me dire. Bashung — de chez Lachaise hébergé désormais — me colle dans la tête une chanson de circonstance, terrible circonstance : « un jour je souffrirai moins, jusqu'au jour où je ne souffrirai plus, un jour je parlerai moins jusqu'au jour où je ne parlerai plus... »
Un jour toi aussi tu ne seras plus là, dans ces Jardins de la Fontaine, un jour prochain. J’ai déjà vu mourir des arbres dans les Jardins de la Fontaine. Leur mal est visible parfois comme le tien aujourd’hui, même si je ne sais le nommer. Parfois c’est une simple croix rouge sang tracée sur l’écorce qui signale la fin de celui qui pourtant nous paraissait bien sain.
Alors l’équarrisseur arrive, sylvestre camarde, la tronçonneuse bourdonne et voilà, c’est fini, bel arbre, tu es abattu, débité, emporté. De toi ne reste qu’un tronc coupé à ras, chicot dont le vortex des cernes trahit l’âge, qui sera à son tour dessouché, extirpé de la terre natale.
Adieu Bashung, adieu bel arbre, un jour…



10:45 Écrit par Phil dans Nature/Environnement | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arbre, mort, bashung | |
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mardi, 22 juillet 2008
TGV

Toujours en pause... mais entre deux villégiatures...
Entre deux villes, deux étapes, derrière la vitre d'un TGV aujourd'hui revenant de Paris à Très Grande Vitesse, si l'on en croit ses initiales. Mais l'appareil photo aussi dispose d'une très grande vitesse, alors, de temps en temps, je capture un petit bout de cette si belle campagne française. Difficile de saisir l'instant fugace, tout défile en accéléré comme une vie qui se déploie au moment même où elle va cesser. Cependant rien ne cesse ici, tout renaît et tout change en permanence. La France déroule à la va-vite son estival tapis pour des trains endiablés qui n'ont d'autre fonction que celle d'effacer le plus hâtivement possible ces grands pans de campagne pour rapprocher ces villes affamées d'hommes et de femmes et du temps qu'ils n'ont plus.







23:50 Écrit par Phil dans Nature/Environnement | Lien permanent | Commentaires (1) | |
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dimanche, 27 avril 2008
Jardins d'iris

Dans les Jardins de la Fontaine, en ce moment, fleurissent des iris multicolores. En voici quelques-uns photographiquement cueillis ce dimanche : leur délicat parfum « numirisé » doit déjà j’en suis sûr embaumer le fond de votre écran…
Quand on évoque l’iris, vaste est son champ sémantique, à l’image de ses rhizomes prolifiques : écharpe arc-en-ciel de la messagère des dieux, parfum de la Médicis, emblème royal, palettes magiques de Monet ou de Van Gogh…
Pour moi l’iris, les iris, cela évoque les mazets bien nîmois de beaucoup de familles.
Je revois les iris éclaboussant de couleurs vives les bords des allées qui conduisent au mazet dominical, faisant de ces chemins poussiéreux de triomphantes avenues.
Je revois les enfants excités cassant d’un coup sec leurs tiges longues et suintantes pour composer de magnifiques brassées que les mamans admiratives feront tremper dans de vieux vases ébréchés avant de rapporter le soir à la maison ces trésors odorants.
Je revois et j’entends les parties de pétanque animées sur l’allée mal damée. L'impitoyable carreau de l’oncle Jean propulse la boule de Robert dans les fourrés. Il faut écarter les feuilles des iris larges comme des épées pour retrouver la boule honteusement exclue du jeu…
Les iris qui fleurissent dans mes souvenirs sont un peu maltraités, je l’avoue, arrachés, piétinés, bousculés, mais fidèles à chaque printemps, sans aucun soin d’aucun jardinier du dimanche, marqueurs du temps qui passe, encre bleu, encre verte, encre à l’odeur du bonheur qu’on n’a pas toujours su laisser tremper dans l’eau des vieux vases ébréchés.












23:50 Écrit par Phil dans Nature/Environnement | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Iris, maset, mazet | |
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